samedi 19 juin 2010

parfum vintage : Jolie Madame






En faisant un peu de tri dans une armoire aujourd'hui, je suis tombée sur une boite qui contenait de vieilles affaires de toilette, appartenant vraisemblablement à l'une de mes grand-mères (oui, je retrouve plein de trucs en rangeant mes affaires, ç'a déjà été le cas pour Habanita et L'Air du Temps). Et parmi ces objets se trouvait notamment un petit flacon de parfum qui s'avère être ce fameux Jolie Madame de Balmain. Ce flacon est vide, mais il reste un peu de la fragrance sur le bouchon et sur le goulot, sous forme d'un sirop épais et sombre. Bien entendu, le parfum a dû vieillir, mais ce que je peux sentir est plus qu'agréable, et me donne un assez bon aperçu de la composition : bien que les notes de tête soient éventées, on peut facilement identifier ce parfum comme étant un chypre, catégorie chypré-floral plutôt que chypré-fruité.


Après avoir fait quelques recherches, il apparaît que ce parfum a été composé en 1953 par Germaine Cellier, déjà responsable de Vent Vert, toujours chez Balmain, et de Bandit et Fracas (qu'on ne présente plus) pour Robert Piguet. J'ai réellement apprécié le peu de compositions de Germaine Cellier qu'il m'a été donné de sentir, j'aime beaucoup son approche très radicale de la parfumerie, et je trouve ses compositions très intelligentes. Ce même sentiment de plaisir m'envahit alors que je sens Jolie Madame évoluer sur ma peau.


Je ne pourrais pas parler ici des notes de tête du parfum qui se sont altérées avec le temps. D'après le site Osmoz, elles se composent de petitgrain, de girofle et de néroli. Je n'arrive pas à déceler le petit grain, à cause de l'âge de mon exemplaire mais je sens en revanche très bien le clou de girofle qui vient me picoter le nez. Ensuite, jasmin, fleur d'oranger et néroli viennent se fondre ensemble et enveloppent le tout d'un bel accord de fleurs blanches, ici très furtif. Je sens néanmoins beaucoup mieux la tubéreuse de la composition, ainsi que la feuille de violette. Je ne saurais malheureusement être plus précise.





Etrangement, les notes de fond m'ont immédiatement fait penser à un parfum récent qui m'a énormément plu, à savoir le beau Feuilles de Tabac de Miller Harris. On retrouve en effet ce même accord de tabac (bien que Jolie Madame dégage une note fumée ressemblant un peu au thé Lapsang Souchong que Feuilles de Tabac ne possède pas), de patchouli et de vétiver (Jolie Madame possède en plus de la mousse de chêne que j'arrive très bien à sentir dans l'exemplaire que j'ai). Mais, alors que les notes de fond de mon Balmain se révèlent plutôt chaleureuses, mais un peu rêches, Feuilles de Tabac est plus doux, mais plus froid (l'on sent d'ailleurs davantage le vétiver dans le fond que le patchouli) et plus masculin. Je suis d'ailleurs ravie de l'hypothétique parenté entre les deux parfums.


Je suppose également que ce parfum a pu inspirer le très beau Vierges et Toreros de chez Etat Libre d'Orange, que j'affectionne beaucoup. On y retrouve en effet un tête épicée (cardamone, muscade et girofle pour Vierges et Toreros), un coeur composé de fleurs blanches, tubéreuse en tête et un fond boisé cuiré. Mais alors que Jolie Madame se présente avant tout comme un chypre possédant seulement des notes de cuir et de tabac, Vierges et Toreros exploite davantage le côté cuiré : c'est cette note qui ressort le mieux dans le parfum, la tubéreuse ainsi que les épices chaudes ne servent qu'à mettre le cuir en valeur.


J'aimerais pouvoir connaître mieux ce parfum en sentant un exemplaire plus récent, mais il semble que ce parfum ne soit malheureusement plus disponible. C'est bien dommage, puisque je trouve que les Balmain disponibles aujourd'hui manquent un peu de prestance – j'ai d'ailleurs détesté le dernier, Ambre Gris, que je trouve beaucoup trop lourd et écoeurant.


Reste alors un parfum très original mais hélas trop rare.

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