samedi 27 novembre 2010

End of The Season II




Comme promis, voici la suite de la liste de ma sélection de parfums pour l'automne (je devais initialement la publier dimanche. L'on admettra alors que j'ai une conception très extensive du terme « lendemain »).


Musique : The Kinks - Autumn Almanac







Alphons Maria Mucha, Fruit


Vétiver Tonka, de Hermès, s'annonce comme une très belle option pour la saison. J'apprécie beaucoup ce vétiver au final assez pur, débarrassé de son côté âpre, aux relents presque tabacés que développe la plante, et qui, j'en conviens, peut facilement dérouter. Et comme toujours avec Ellena, cette simplicité et cette clarté dans l'exécution. Ici, l'intérêt du parfum repose essentiellement sur ce fond légèrement gourmand de fève tonka et de douces notes un peu pralinées, suffisamment transparentes pour ne pas tomber dans l'excès de gras et de sucres. Vétiver Oriental proposait déjà une belle variation sur cet accord vétiver mêlé à des notes orientalisantes (plus chocolatées chez Lutens tout de même), plus sombre et intense, peut-être plus raffinée mais au final je reconnais lui préférer l'écriture de Jean-Claude Ellena.



Ensuite, parmi les odeurs VRAIMENT automnales me vient à l'esprit un trio de fragrances très différentes, qui se complètent habilement pour retranscrire d'une façon très délicate ce que sent réellement l'automne (et non pas, comme précédemment, quelle odeur conviendrait à la saison)


Terre de Bois, de Miller Harris, est pour moi l'odeur idéale pour la saison. Un boisé très délicat et aromatique, introduit par un verveine très verte, introduisant un fond boisé humide de patchouli et de vétiver, exempts de leurs notes parfois trop âcres si particulières. Terre de Bois, ou l'odeur d'une promenade dans la campagne encore humide de rosée, à la lisière d'un bois, chaudement enveloppé dans un pull en grosses mailles irlandaises


Ensuite, je recommande fortement Filles en Aiguilles. Mais cette fois-ci, il s'agit plutôt d'une odeur automnale d'un intérieur de maison. L'odeur d'un foyer en automne. Filles en Aiguilles offre une lutensinade très particulière ici puisque les notes d'encens sont très développées, brûlées, m'évoquant instantanément non pas une odeur d'église mais plutôt celle d'un feu dans un poêle en fonte. Les notes de pin, inhabituellement employées d'une façon extrêmement chaleureuses m'évoquent à la fois l'odeur adorée du feu de bois mais également celle qui se dégage lorsqu'on brûle du charbon. Et les fruits confits sont ici clairement identifiés comme de la pâte de coings en train de cuire. Filles en Aiguilles, c'est l'odeur de notre cuisine en automne.


Like This, troisième parfums retranscrivant « l'odeur » de l'automne joue sur les deux registres, entre promenade à la campagne et odeurs de maisons. Je doute qu'il soit encore nécessaire de le présenter après toutes les critiques élogieuses qui en ont été faites à sa sortie en mars. Tilda Swinton, pour son parfum, a voulu retranscrire l'odeur de son foyer. Il en résulte un combinaison plus qu'astucieuse de notes boisées sèches de vétiver qui, mariées à l'immortelle, m'évoquent le foin; de notes musquées, et surtout un trio de notes « oranges » pour Tilda à la chevelure flamboyante : mandarines, carotte et, pour la première fois en parfumerie, de potiron. Like This m'a semblé incroyablement familier, et ce dès que je l'ai senti. Un condensé d'impressions olfactives.



Et enfin, le parfum que j'ai choisi d'adopter et qui risque fort de devenir mon odeur celui que je ne lâcherait pour rien : Dans Tes Bras. Je ne m'y attarderais pas davantage, car, bien que cela fasse déjà deux mois que je ne porte plus que lui, j'ai toujours du mal à mettre les mots qui convienne,t sur ce mélange si particulier d'héliotrope, de muscs, de bois et d'encens traités en sourdine, de champignons frais et de poudre. Tout ce que je sais, c'est qu'il me fait défaillir à chaque fois.



Bientôt s'annonce l'hiver … Une autre sélection parfumée peut-être ?

samedi 20 novembre 2010

End of the Season : parfums pour l'automne



Musique : the Kinks - End of the Season

(Je m'excuse tout d'abord pour mon retard, j'avais initialement prévu du publier cette liste début novembre mais quelques évènement extérieurs m'en ont empêchée. Voici une erreur maintenant réparée)



Alphons Maria Mucha : L'Automne


Cela faisait déjà plus d'un mois que j'ai commencé à rédiger cette liste de parfums pour l'automne, mais je ne me suis décidée à la publier à l'heure actuelle pour deux raisons. Tout d'abord parce que cette fin du mois de septembre et la première partie du mois d'octobre se sont révélés très doux et chauds, un temps tout à fait inapproprié pour parler de frimas et de feuilles mortes. Et ensuite parce que je considère que c'est la fin octobre qui représente le mieux cette saison (ou du moins, c'est la période pendant laquelle la saison automnale se révèle sous son meilleur jour). Pour ma jeune mémoire, ce sont de longs après midis passés à boire du thé, et à manger de la tarte aux pommes en lisant et relisant indéfiniment la romance tourmentée entre Heathcliff et Catherine dans Wuthering Heights (un de mes livres préférés), enroulée sous ma couette .


L'une des principales difficultés à prendre en compte dans l'élaboration d'une telle liste, ce sont les facteurs météorologiques. La plupart des gens voient leurs goûts en matière de parfums (ou de nourriture) évoluer avec le temps qu'il fait, et en l'espèce, je trouve que c'est en automne que ce facteur varie le plus. Il y a certes ces superbes après midi où le soleil joue à cache cache dans les feuilles d'arbres qui commencent à roussir et à tomber sur la pelouse mais également ces très longues journées déprimantes où l'on voit à peine la lueur du soleil et où la pluie, l'humidité semblent s'être infiltrées partout. Et c'est dans ces moment qu'il faut savoir particulièrement bien choisir son parfum (sous peine de spleen mortel).


Donc voici une petite liste, quelques idées de parfums que je trouve particulièrement adaptés à la saison, une saison automnale qui irait jusqu'à en magnifier certains.



Eau Lente, de Diptyque, par exemple, est un parfum que je ne pourrais envisager que porté en automne, et plus précisément pendant la période fin novembre-décembre, période correspondant aux fêtes de Noël. Avec ses accents épicés, cannelle, muscade, et surtout un beau clou de girofle piquant rappelant L'Eau de la même maison, sur une base d'opopanax (qui développe sur ma peau des accents de chocolat blanc), on ne peux que penser aux odeurs de pains d'épices et d'autres petites merveilles gustatives que cette période nous réserve. Pour moi, ce serait plutôt des Zimtsternen (« étoiles à la cannelle », de savoureuses pâtisseries allemandes), une promesse de délices et de réconfort lorsque le beau temps n'est pas au rendez vous, comme c'est hélas trop souvent le cas.


Je pensais ensuite à un classique, l'Heure Bleue, pour les soirées. Je lui substituerait bien Habanita mais Habanita me semble trop évident avec ses notes ambrées, vanillées, tabacées. Trop automnal en somme. L'Heure Bleue possède les notes chaudes, douces et poudrées de Habanita mais lui amène un souffle printanier en substituant les notes masculines de tabac par d'autres, plus légères et florales de l'iris, de l'anis et de la violette. L'Heure Bleue reste dans une optique automnale en parant notre cou comme le ferait une étole de fourrure mais garde quelques accents évoquant des cieux plus cléments, me rappelant qu'après et malgré le froid viendra par la suite le beau temps.


Je sais que cette affirmation fait très cliché, mais l'automne se révèle être la saison idéale pour (re)découvrir cette famille assez mal aimée, et ô combien distinguée que constitue celle des cuirs. Je reprends donc ici l'idée de L'Heure Bleue, mais je la transpose en lui enlevant en partie ses éléments printaniers dont je viens de faire l'éloge pour les substituer à une base de … cuir. Et l'on obtient Cuir Mauresque de Serge Lutens (que j'ai eu la joie de découvrir grâce à sa sortie des Salons du Palais Royal cette année). Cuir Mauresque, ce serait en quelque somme un très belle femme, parfumée d'Heure Bleue qui s'assiérait pour fumer dans un beau fauteuil club en cuir, lequel serait recouvert d'une étole aux motifs persans.


Un autre cuir, pour les messieurs celui-là : Bel Ami, de Hermès. Ici, nous sommes cependant dans un domaine olfactif un peu différent de celui abordé par Cuir Mauresque. Au lieu de cuirés ambrés, nous avons ici un beau cuir épicé, qui joue en plus habilement sur une note de tabac un peu âcre. A vrai dire, Bel Ami se rapproche plus de la famille des chypres que de celles des cuirs (mais la frontière entre les deux se révèle souvent poreuse, en attestent les superbes Bandit et Jolie Madame, tous les deux oeuvres de la grande Germaine Cellier), et se déploie autour d'une note que j'apprécie beaucoup, celle d'oeillet, qui ammorce habilement le fond cuir-tabac. Le côté épicé de l'oeillet se retrouve en plus renforcé par un bel accord d'agrumes et d'aromates. Bel Ami est de loin mon parfum masculin préféré, mais je trouve que c'est porté en cette saison qu'il dévoile le mieux toutes ses subtilités.


Et comme en chaque période, en chaque saison, il est toujours agréable de sentir des roses, voici mon choix : Elisabethan Rose de Penhaligon's. En l'espèce, la rose qui correspondrait le plus à la saison qui est aujourd'hui traitée serait Une Rose, avec son incroyable absolue de rose si dense et ses relents vineux mêlés à ceux, plus terreux, de la truffe. Mais choisir Une Rose en automne, ce serait presque un cliché. C'est la raison pour laquelle je substitue cette rose dense et opulente à celle beaucoup plus verte, minimaliste et timide de Elisabethan Rose, de Penhaligon's. Comme je l'ai déjà affirmé avec L'Heure Bleue, ces notes fleuries s'annoncent comme de vraies promesses de printemps, parfaites pour contraster avec la morosité des journées si courtes de la saison.



Ce sera tout pour aujourd'hui. Je vous laisse en en compagnie d'un Ray Davies croonant sur la fin de l'été et sur sa copine qui le quitte.

Je vous livre le reste de mon top ten demain, et j'attends avec impatience que vous me confiez le nom de vos parfums préférés pour la saison.

lundi 8 novembre 2010

Portrait of a Lady



Contrairement au parfums d'autres maisons, ceux réunis par les Editions de Parfums Frédéric Malle n'ont pas cette cohérence qu'aurait une collection regroupant les oeuvres d'un seul et même artiste ; où l'on sentirait la patte particulière d'un seul et même maître, auteur de toutes les oeuvres réunies sous un même nom - je pense notamment aux parfums Serge Lutens qui, presque sans aucune exception, portent la marque distinctive du tandem Serge Lutens – Christopher Sheldrake ; ou encore aux dernières créations Hermès, oeuvres d'un seul et même homme, Jean Claude Ellena.

La collection présentée par les Editions de Parfums me ferait plutôt penser à des oeuvres appartenant à différentes époques, écoles et auteurs qu'un amateur éclairé aurait réunies. De fait, les Editions de Parfums Frédéric Malle ne semblent pas transcrire l'univers d'un « nez » en particulier, mais témoigner des goûts exquis de l'homme qui a pris le soin de regrouper ces mêmes oeuvres.


Portrait of a Lady est la dernière acquisition de cet esthète, inscrit dans une esthétique délibérément rétro.


Léonard de Vinci, La Belle Ferronnière. Je voyais plus la Lady comme une beauté peinte par le Titien, mais ce tableau se rapproche plus de l'état d'esprit du parfum. Les oeuvres de Titien sont trop sensuelles.


Je reconnais ne pas avoir prêté beaucoup d'attention au parfum la première fois qu'il m'a été donné de le sentir, ceci étant dû à mon excitation. Et j'avoue avoir été déçue, à la première olfaction, par une similarité avec Une Rose dont j'aurais préféré ne pas remarquer l'existence. Je n'avais tout simplement pas compris. J'avais certes saisi sa beauté, mais pas l'essence de cette beauté. Parce que Portrait of a Lady est d'une complexité telle qu'il faut du temps pour pouvoir comprendre un tel chef d'oeuvre.


La beauté de Portrait of a Lady est cérébrale. Sa séduction n'a pas pas l'évidence d'un Shalimar ou même d'un Féminité du Bois, bien que ce parfum partage avec Portrait of a Lady la même intelligence. Pour un parfum comme Shalimar, la séduction opère par la rondeur, la chaleur qui se dégage du parfum. Ici, la Lady est d'une austérité presque monacale. Austère, mais extrêmement complexe.


La première chose qui m'ait frappée, c'est la rose. Une rose thé, mais sans la rondeur et la fraîcheur habituelle qui lui est habituellement dévolue, et qu'on retrouve dans la parfumerie anglaise, par exemple. Jusqu'ici, la seule rose thé (que je connaisse) qui soit traitée sur un registre oriental et chaud a été Opôné, une petite merveille enrobée d'épices et en particulier de coûteux safran. Une rose anglaise qui se serait égarée sur un marché aux épices au moyen orient. La parenté avec Opôné ne me semble pas fortuite : c'est en effet à ce parfum, et avant même avoir songé à Une Rose que m'a fait penser Portrait of a Lady.

Mais ici, la rose n'est pas aussi moelleuse que peut l'être Opôné : les épices sont bien présentes, mais la cannelle et le clou de girofle ne l'habillent pas avec la même chaleur.


Cette rose épicée, s'épanouit sur un lit de fruits, légers – framboise, cassis et pêche, bien que cette dernière ne soit pas mentionnée dans la description officielle - qui viennent apporter de la rondeur à un parfum dans l'ensemble très rêche. Ces fruits ressortent comme s'il avaient été peints sur un fond noir dans une nature morte baroque. Ils ont ronds, luisants, à la fois extrêmement détaillés et très peu réalistes, donnant au début de la composition une légère inflexion ronde et sucrée.


Comme pour Une Rose, le parfum gravite autour d'une note de rose que les autres notes viennent habiller. Mais au cours de l'évolution, la rose se transforme subtilement en un beau patchouli âcre, un patchouli qui devient alors le centre gravitationnel du parfum. Contrairement à d'autres fragrances où rose et patchouli s'affrontent dans une sorte de clair obscur aux contrastes éclatants, ils jouent ici un rôle complémentaire pour mieux se confondre dans les notes de coeur, et subtilement se substituer l'un à l'autre sans jamais totalement disparaître alors que le parfum continue d'évoluer.

Le patchouli ici est âpre et sec, avec une odeur de moisi très caractéristique. L'odeur me fait ici penser à celle d'un vieux livre que l'on vient d'ouvrir, ces volutes odorantes un peu irritantes qui viennent nous piquer le nez avec leurs relents anciens de moisissure. Moisissure noble bien entendue, qui s'accompagne d'une sorte de « lutensinade* » - la comparaison avec Féminité du Bois n'était pas fortuite - enrobant cet accord de patchouli de notes plus douces et orientales. Encens, santal et cèdre (sans les notes de fruits confits chères à M. Lutens) apportent au patchouli une noblesse qu'il n'aurait peut être pas su atteindre seul. Mais malgré cette somptueuse parure olfactive, le patchouli de Portrait of a Lady ne parvient pas à se débarrasser de son austérité, et n'acquiert pas le côté sensuel qui est pourtant souvent attaché à cette odeur. Reste son incroyable intelligence, et c'est dans cela que résume le génie du travail de Dominique Ropion : la création d'un oriental non sensuel, ou du moins, à la sensualité pas si évidente.



Un parfum hybride, entre floral épicé et oriental boisé, une confusion olfactive entre les notes de roses et de patchouli, l'un devenant l'autre sans que l'autre disparaisse complètement … Un grand parfum qui semble jouer les sur les règles de la parfumerie classique pour mieux les transgresser sans pour autant choquer les sens. Un parti pris réussi, donc, pour un parfum cérébral qui demande qu'on prenne le temps de le comprendre afin de mieux en apprécier la subtilité.



*Par « lutensinade », j'entends l'accord très particulier cher aux parfums Serge Lutens que l'on retrouve dans des parfums tels que Féminité du Bois, Five O'Clock au Gingembre, Serge Noire, Fille en Aiguilles pour ne citer qu'eux. Il s'agit d'un accord oriental très particulier qui se compose principalement d'encens, de bois (santal et cèdre le plus souvent, parfois du patchouli) et de fruits confits, assortis d'épices chaudes. La « lutensinade » serait aux créations Serge Lutens ce que la Guerlinade est à la maison Guerlain.

vendredi 15 octobre 2010

Belle and Sebastian






La sortie d'un album attendu est toujours un évènement pour la basse plèbe de fans de Belle and Sebastian dont je dois avouer faire partie. En effet, le groupe originaire de Glasgow ne nous avait pas offert de son neuf depuis un album datant de 2006, The Life Poursuit. Lequel s'était avéré extrêmement mauvais. L'album d'avant, Dear Catastrophe Waitress, qui, bien que n'égalant pas le vide abyssale de The Life Poursuit , manquait également du charme des débuts (quoique, la chanson Piazza New York Catcher était vraiment bien).






Qu'est ce qui a bien pu arriver à ce groupe entre le très bon album Fold Your Hands Child You Walk Like A Peasant (datant de 2001 pourtant) et la pop fadasse et gnan gnan dont nous a gratifié Belle and Sebastian ces dix dernières années ? Belle and Sebastian semble réellement avoir perdu son identité, sa fragilité pour se fondre dans un moule pop british sans intérêt, parfait pour l'Angleterre actuelle, une Angleterre avec des rues commerçantes moches pavées, ornées de Starbucks et de Top Shop, et où l'on croise des gens "cool" portant des fringues de mauvais goût. Ce qui est d'autant plus déprimant des ces derniers albums, c'est que sous les mauvaises chansons perce quand même le génie de ce groupe.

Je garde du respect pour Belle and Sebastian. Pour la pop fragile des débuts. Pour leurs chansons ciselées comme des bijoux arts déco qui devaient illuminer les dimanches matins pluvieux des années 1990. Un groupe qui avait l'art de vénérer le temps en suspens et les moments précieux. A les entendre, on avait l'impression de pénétrer dans leur vie, une vie d'étudiants qui font des pique-niques das les parcs en automne devant les bibliothèques et qui portent de jolies chemises. Je continue toujours d'aimer pour ce qu'il a été. Un grand groupe, qui faisait de grandes chansons et de grands albums. Cependant, je trouve que le groupe donne le meilleur de lui même sur les titres pas sérieux, comme Legal Man, ou sur les EPs (je pense notamment à Lazy Painter Jane).


Et qu'en est-il de Write About Love ? Je l'ai écouté plusieurs fois, et je suis au regret de dire que la magie n'opère pas non plus cette fois. A part peut être I Didn't See It Coming et I want The World To Stop qui sortent du lot, l'ensemble est assez plat. C'est gentil, c'est mignon, mais c'est chiant et aussi fade qu'une tasse de thé froid. Désolée. J'avais pourtant beaucoup espéré.

En attendant, je me console en écoutant en boucle If Your Feeling Sinister, The Boy With The Arab Strap et Fold Your Hands Child, You Walk Like A Peasant qui eux, ne me décevront jamais.

(je suis désolée, les clips du groupe sont absolument introuvables sur les sites d'hébergement de vidéos)


vendredi 17 septembre 2010

Louise ou Coco (Chanel)




(cet article est la réécriture de celui du mois de mai consacré à ce même parfum)

Coco est un parfum injustement méconnu. Inconnu dans le sens où sa petite soeur Coco Mademoiselle, qui n'a de parenté avec son ainée que le nom, est incroyablement populaire alors qu'en comparaison, Coco a l'air d'un parfum confidentiel. Ce n'est pas que l'insipide Coco Mademoiselle soit un mauvais parfum, mais en comparaison avec sa jolie grande soeur, ce néo-chypre propret - accessoire parfait des jeunes filles de bonne famille à mèche et sac Longchamp - fait bien pâle figure avec ses accents fruités et clean.


En comparaison, Coco a une sensualité plus affirmée, et en même temps plus ambigüe. Fausse femme fatale et vraie ingénue ? Ou l'inverse. Car Coco est un parfum qui se remarque. Première composition du nez Jacques Polge au sein de la maison Chanel, ce jus sorti en 1983 a été inspiré par une visite du parfumeur dans les appartements de Gabrielle Chanel, au 31 rue Cambon. Un lieu marquant, baroque, avec ses tentures, ses sculptures et ses paravents de laque. Jacques Polge en a tiré un parfum oriental complexe et savoureux.


Ses accents orientaux l'inscrivent directement dans l'optique des parfums capiteux de l'époque, initiés en grande partie par Opium de Yves Saint-Laurent, sorti en 1977 (ou Youth Dew de Estée Lauder pour certains). Les adjectifs ne manquent pas pour décrire Coco. Ce parfum s'ouvre sur une tête bergamottée renforcée par de la coriandre, épice aux accents citronnés. Très vite, un coeur floral moelleux et épicé s'épanouit, comme pour faire écho à Opium, justement (mais en moins épicé): des roses, du jasmin, de l'ylang-ylang travaillé en sourdine, du clou de girofle et une note de pêche. La même que l'on retrouve dans Mitsouko. Si celle de Mitsouko faisait écho à l'odeur incroyable d'une peau de femme, un peu poudrée, celle de Coco est vive, perçante, c'est l'odeur de la peau d'une femme fatale. En plus de la pêche, on peut distinguer de la prune, très certainement due à l'emploi d'une molécule nommée prunol. Mais ces notes de fruits sont liquoreuses, à la limite de l'odeur entêtante et légèrement écoeurante de fruits qu'on aurait laissé pourrir au soleil. Chose intéressante, le prunol sera très largement réutilisé quelques années plus tard dans un parfum qui, lui, semble s'inspirer encore plus directement de Mitsouko, à savoir Féminité du Bois. Les notes de fond ne sont pas plus apaisées : un santal rond et chaud renforcé par de la vanille et de l'ambre, et les notes animales de la civette, débarrassée ici de ses relents un peu fécaux.


Construit comme un parfum de brune, Coco varie sur chaque peau, et peut prendre des accents plus fragiles, comme peut parfois le faire Mitsouko. Coco est une armure dans laquelle la garçonne ou la femme fatale s'affirme, et dans laquelle l'ingénue cache ses failles, comme derrière un rouge à lèvres sang ou une paire de talons. L'ingénue qui veut se sentir invincible, ou la vamp qui a peur de ses faiblesses. Et telle est Louise, l'héroïne des Nuits De La Pleine Lune, film de Eric Rohmer sorti justement en même temps que Coco.



Les Nuits de la Pleine Lune est le quatrième film de l'ensemble des six films qui constituent la série des Comédies et Proverbes, illustrants chacun une citation où un proverbe. Les Nuits de la Pleine Lune ou « Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd sa maison », proverbe de la province de Champagne.


Partagée entre son Marne-la-Vallée et le quartier latin, Louise (interprétée par Pascale Ogier) badine avec l'amour. Elle aime son fiancé Rémi mais elle lui est insaisissable. En voulant profiter de sa jeunesse et jouir de sa liberté, elle joue avec le feu. D'abord avec le désir qu'elle lit dans les yeux de son ami Octave (Fabrice Luchini), écrivain qui souhaiterais la voir à ses côtés plutôt qu'avec. Puis avec un inconnu croisé à une fête chez son amie Camille, fête à laquelle se croisent Octave et Rémi. Commence alors un jeu de séduction plus ou moins conscient entre les différents personnages. Louise joue avec l'amour en voulant assurer son indépendance et s'éloigne de son fiancé, prétendant que s'il le veut, il peut être libre lui aussi.

Mais c'est en comprenant le jeu que joue Louise que Rémi finit par la perdre. Alors qu'elle décide de revenir vers lui, il ne l'aime plus, car de son côté, il en aime un autre. Comme toujours, Rohmer décrit avec subtilité les rapports amoureux entre les êtres, dans un langage qui n'appartient qu'à lui. Un film d'une surprenante musicalité, où le phrasé particulier de Pascale Ogier se mêle à celui de Fabrice Luchini, le tout avec la musique d'un groupe que j'adore, Elli & Jacno, qui ont composé la BO du film. Fait intéressant, la chanteuse du groupe, Elli Medeiros fait une apparition en cameo au moment de la scène de danse chez Camille, sur sa propre chanson, Les Tarots.


Louise est ainsi le prototype même de la femme que je verrais porter Coco, forte et fragile, bien loin de l'image renvoyé par la publicité de Jean-Paul Goude avec Vanessa Paradis en petit oiseau en cage. Publicité superbe, certes mais Vanessa Paradis manque de force pour incarner Coco. Mutine, fatale et un brin énervante, autant d'adjectifs qu'il est possible d'attribuer à Louise, ou à Coco.


Enfin, revenons à Coco Chanel, la vraie. On peut s'étonner qu'une femme ayant une vision aussi sobre de la mode féminine puisse vivre dans un appartement au décor aussi chargé J'ai lu quelque part dans un livre de l'auteur britannique E M Forster que la maison, l'endroit où nous habitons est en réalité le reflet de notre âme et qu'à ce titre, une maison pourra plus nous renseigner sur son habitant que la personne elle même. Pour Chanel, je pense qu'il n'est pas étonnant de la savoir vivre dans un tel endroit : avec sa personnalité complexe, son appartement baroque ne pouvait être que le reflet de son âme.

mercredi 8 septembre 2010

très cher traître



Musique : Schubert, Das Wandern
(pour activer la musique, faire "clic droit" puis "ouvrir dans un nouvel onglet")





Comme vous avez déjà certainement pu le deviner dans certains de mes précédents articles, Etat Libre d'Orange est une marque que j'aime bien. Bien évidemment, on peut leur reprocher pas mal de défauts : des compositions parfois un peu bancales, certaines matières premières de qualité moyenne et évidemment une image parfois un peu ridicule. Soit. Mais, s'il y bien quelque chose qu'on ne pourra jamais reprocher à cette marque, c'est de ne rien évoquer. Chacune des compositions que j'ai pu sentir, à ce jour, m'a paru incroyablement explicite, et pas seulement d'un point de vue purement sexuel (et c'est d'ailleurs en grande partie grâce au pouvoir d'évocation de l'odorat que je me suis tournée vers le monde du parfum). Si, côté évocations parfumées, la maison Guerlain est reine, celle-ci m'évoquerait plutôt la peinture impressionniste, jouant sur l'émotion et les sensations. Chez ELO, on est vraiment dans l'hyperréalisme. Et pas toujours du meilleur goût, d'ailleurs. Je pense que c'est principalement dû au fait que pratiquement toutes leurs créations ont une structure baroque, et que pour la plupart, cette structure vient du fait que le nez veut raconter une histoire : l'angelot baroque (je parle ici de peinture) tout en chair et en dorures du Divin Enfant, le matador de Vierges et Toreros, etc. Histoires plus ou moins sensuelles (voire sexuelles). Ou pas.


Eloge du Traître est à l'heure actuelle une de mes références préférées chez Etat Libre d'Orange. Ce n'est certes pas la création qui a l'identité olfactive la plus marquée, ni la plus originale de la gamme mais je lui trouve malgré tout de nombreuses qualités, et en particulier d'être bien équilibrée et d'avoir un très grand pouvoir d'évocation.


Dans l'ensemble, Eloge du Traître se présente comme étant un fougère de facture assez classique aux accents aromatiques. Plus proche de Jicky que de Le Mâle, la lavande en moins. La tête tourne autour de notes d'armoise et de clou de girofle qui donnent un effet de végétation assez « épicée », et assez âpres dans l'ensemble. On retrouve ces notes d'armoise dans le Bandit de chez Robert Piguet, bien que celles-ci m'apparaissent à la fois comme étant plus« brouillées » mais en même temps plus agressives dans une composition qui tourne majoritairement autour de cuir et de tabac. Ici, c'est un effet de végétation qu'on ressent davantage : l'armoise étant très certainement renforcée ici par un accord assez classique de géranium et d'agrumes (très certainement de la bergamote : étant assez insensible aux agrumes lorsque ceux-ci se présentent en note de tête, je les devine plus que je n'arrive à les sentir). Ensuite, le côté végétal est renforcé avec un coeur riche en laurier et en pin, deux notes que je trouve assez difficiles à manipuler : la première risquant, si elle est mal utilisée, de tomber dans le côté pot-au-feu, et la seconde, dans le côté désinfectant. J'aime beaucoup l'odeur du laurier : elle me rappelle à la fois le savon d'Alep mais également des odeurs de cuisine et de potager. Pour adoucir ces deux notes, on retrouve un accord - un peu pervers, il faut le dire - de cumin mêlé à de l'hédione, molécule rappelant le jasmin. C'est ce même accord que l'on retrouve dans Eau Sauvage et qui vient débaucher ce parfum qui, sinon, risquerait de tomber dans le registre « cologne pour pépé ». Enfin, on a un fond boisé qui mêle le patchouli à des notes plus chaudes de cuir. Et des muscs en faible quantité, histoire de donner un peu de consistance au tout.


Dans l'ensemble, je trouve qu'il y a une forte ressemblance entre cet Eloge du Traître et le merveilleux Fou d'Absinthe de l'Artisan Parfumeur, créé par Olivia Giacobetti, et notemment pour tout ce qui concerne leurs notes de tête et de coeur. Mais, plus encore que Fou d'Absinthe, Eloge du Traître semble reprendre l'équation utilisée pour les notes de fond dans Bel Ami, de chez Hermès : un fond boisé (presque chypré) et animalisé, annoncé par des notes de coeur épicées.


Disons que globalement, j'apprécie beaucoup les fougères aromatiques lorsque celles-ci ne surjouent pas la carte du mâle hyper testostéroné. Et ce parfum joue avec élégance sur ce registre.


C'est dans sur un registre plus sensible, moins macho que se développe l'Eloge. Ses accords aux accents à la fois rétro et sensibles me font invariablement penser au mouvement romantique, allemand en particulier (ou plutôt au Sturm und Drang – Tempête et Elan- , mouvement précurseur du romantisme presque exclusivement allemand). En fait, aussi étrange que cela puisse paraître, j'associe mentalement cette fragrance au livre fondateur de ce mouvement, Les Souffrances du Jeune Werther de Goethe (c'est également le premier roman du poète allemand). Et ce par les notes de pin, que j'associe à la Forêt Noire, tout en forêts et en sommets ; par ses notes aromatiques d'armoise, évoquant plutôt un village alsacien paisible endormi par la chaleur en plein après-midi de juin ; et par ses notes orientalisantes de savon d'Alep (un idéal de voyage, d'un ailleurs plus ensoleillé, leitmotiv romantique à la Delacroix ?).


Der Wanderer über dem Nebelmeer, Caspar David Friedrich.


Eloge du Traître, c'est le parfum que j'imaginerais porté par le jeune romantique allemand, la figure classique du « Wanderer », qu'il soit peint en Voyageur au Dessus de la Mer de Nuages de Caspar David Friedrich ou chanté dans un opéra de Schubert. Werther est un peu tout cela. Voyageur solitaire, il se meurt d'amour pour Lotte (Charlotte), laquelle est cependant promise à un autre, Albert. Bien qu'elle le sache épris d'elle, Lotte ne cède pas à ses avances, se marie avec son promis et demande à Werther, par convenance, de la voir moins souvent. De plus en plus désespéré, Werther finit par demander à Albert de lui prêter ses pistolets « pour un voyage », ces derniers lui étant remis par une Lotte éprouvée. Wether finit par se donner la mort d'une balle dans la tête, mais ne meurt qu'au bout d'une longue agonie. Il finit enterré sous un tilleul, arbre souvent décrit dans ses lettres par le héros.


Roman-clef du Sturm und Drang, Werther reçut de vives réactions à sa parution. Que ce soit du côté de ses admirateurs et de ses détracteurs d'ailleurs, puisqu'il abordait un le suicide, thème tabou à l'époque, mais qu'on retrouvera par la suite dans de nombreuses oeuvres, romantiques ou non (j'ai notamment en tête un tableau exposé au Palais de Beaux-Arts de Lille représentant une jeune femme essayant de se donner la mort par asphyxie).


Outre le personnage principal, Werther, le Traître évoque par ses accents aromatiques légèrement résineuses les paysages de campagne et de montagnes plantées de sapins décrits dans l'oeuvre, riche en allusions olfactives. Dès la première « lettre » (car les Souffrances du Jeune Werther est un roman épistolaire), le ton est donné : descriptions d'une nature joyeuse et accueillante, et surtout, cette phrase, naïve et exaltée : « Il n'est pas d'arbre, il n'est pas une haie qui ne soit une gerbe de fleurs et l'on voudrait devenir hanneton pour voguer dans cet océan de senteurs parfumées et y trouver toute sa pâture ».


Tout comme la progression qui s'opère en Werther et dans le paysage qui l'entoure (le paysage, reflet de son âme tourmentée ?) la progression olfactive va elle aussi en s'assombrissant. Gai, lumineux au départ, il se pare par la suite de riches accents pour finir dans des tons froids, sombres, pour mieux préfigurer une mort horrible certes, imminente, mais salvatrice.


Ce parfum a été conçu pour rendre hommage à tous les grands traîtres : Judas, Remus, Brutus... Traîtres qui ont fait l'histoire, assassins, délateurs en tous genres. Mais à chaque fois, la victime est un Autre.


En se suicidant, Werther ne commet pas une traîtrise envers quelqu'un d'autre mais envers lui même. Le refus de la vie, n'est-ce pas la plus grande des traîtrises ?

mercredi 1 septembre 2010

girls


Je viens de découvrir à l'instant cette vidéo, ultra léchée comme je l'aime, ainsi que la chanson, qui m'ont tout de suite plu.

Girls - "Lust For Life" (official video)

mercredi 21 juillet 2010

19 (le coeur ou la raison)



Il y a des oeuvres qu'on voudrait tant aimer, comprendre et pouvoir se les approprier. Des chefs d'oeuvre dont on espère un jour qu'ils feront partie de notre histoire personnelle. Mais on a beau les voir, sentir, écouter à maintes et maintes reprises, se renseigner sur eux et, rien à faire, il y a toujours quelque chose qui nous échappe et qui fait que l'oeuvre en question devient opaque.
Je suis dans ce cas pour de nombreuses oeuvres : la musique de Chopin, la peinture de Rubens, et un très grand parfum que je n'ai découvert qu'assez récemment, à savoir le superbe Chanel No 19.


J'ai apprécié ce parfum sur touche lorsque je l'ai senti pour la première fois (avec une petite préférence pour la version eau de parfum) mais ce n'a pas été un claque, un déclic (bon ou mauvais, d'ailleurs) ou un coup de coeur comme avec des parfums tels que Dans Tes Bras, Féminité du Bois ou encore Après l'Ondée. Juste une impression positive, qui peut donner envie d'aller plus loin, d'essayer à nouveau pour être séduite.


Après avoir entendu énormément de bien du No 19, je me suis fait faire un échantillon afin d'apprivoiser ce parfum sur ma peau. Et là, j'ai beau avoir essayer et ré-essayer, rien à faire : le Chanel No 19 et moi sommes tout simplement incompatibles.


Ce n'est pas tant un problème de notes qui ne tiennent pas ou qui virent : c'est l'incapacité qu'a ce parfum à provoquer en moi une émotion, une association ; chose qui se passe d'ailleurs habituellement avec les autres parfums. Mais là, impossible.


Alors oui, c'est une très belle création. Une tête agréable, avec un galbanum justement dosé : pas trop puissant (contrairement à (untitled), héritier direct du No 19 qui je trouve, joue un peu trop dans la surenchère de ce côté là), pas trop âcre, et mêlé à quelques aldéhydes qui annoncent un coeur floral assez poudré : rose, ylang, jasmin sans doute et des notes vertes très légèrement terreuses apportées par la jacinthe (qui, entre parenthèses, est l'une de mes obsessions olfactives) et surtout de l'iris. Et puis un fond légèrement chypré, mousse de chêne en tête, avec également du patchouli, un peu de vanille, du santal et de l'ambre.


Dans l'ensemble, ce No 19 me fait penser à un parfum Guerlain sorti quelques années auparavant, à savoir Chant d'Arômes, dont ma mère possédait un flacon dans lequel j'ai allègrement tapé durant mes années à l'école primaire. Mais alors que je trouve que ce Guerlain, et tous les Guerlains en général sont vraiment expressifs (dans le sens où, tout de suite, une image nous vient à l'esprit dès la première olfaction), le No 19 est tellement abstrait que je trouve qu'il est assez difficile de se l'approprier. Et c'est un trait commun à la plupart des Chanel que j'ai pu sentir (sauf peut-être Coco, qui se rapproche un peu des Guerlain dans la forme et l'esprit). Guerlain repose beaucoup sur des images, des sentiments : il y une très grande capacité d'évocation, tandis que Chanel est inflexible et abstrait. Chanel serait donc très cérébral et reposant sur la raison pure tandis que Guerlain laisserait une plus grande part aux émotions : c'est encore l'éternel duel entre le coeur et la raison (pour ma part, je me suis la plupart du temps rangée du côté de la raison mais je pense que cette fois-ci je vais me ranger dans le camp « Guerlain »)


Je le trouve très beau, mais je suis incapable d'émettre un jugement à son propos : est-ce que j'aime ou pas ? Le fait est que je n'arrive pas à le cerner, à le comprendre, donc je pense que le Chanel no 19 fait définitivement partie des oeuvres (avec Rubens et Chopin) qui m'échapperont à tout jamais.

mardi 13 juillet 2010

(untitled) : avis



J'avais déjà parlé de ce parfum -sans le connaître réellement- dans un article datant de mars où j'exposais mes attentes et mes appréhensions concernant (untitled). Je l'ai néanmoins senti peu après mais j'ai préféré attendre avant de donner mon avis.


Il faut bien l'avouer, ma première impression a été plus que détestable. Je trouvais la fragrance bancale, et pour tout dire pas agréable du tout. Les notes de tête étaient, je trouve, lourdes et écoeurantes. J'avais l'impression que deux tourbillons parfumés, le premier, vert, s'en allant en se rétrécissant avec le temps, et le second aux accents balsamiques qui s'en allait grandissant essayaient tant bien que mal de s'encastrer sans jamais se mêler l'un à l'autre et sans grande cohérence. Deux tourbillons que tout opposaient en fait coexistant dans une sorte de cacophonie olfactive pas des plus agréables. J'ai beau l'avoir essayé et réessayé plusieurs fois, rien à faire, toujours cette même répulsion.


Par contre, il y a peu, j'ai reçu en échantillon par la poste, ce qui m'a laissé tout le loisir de le tester chez moi au calme. Et j'ai pu le redécouvrir. Disons que maintenant, j'ai un avis un peu moins négatif, mais je ne peux m'empêcher de trouver que la publicité du parfum (tordante, par ailleurs) a fait part de mégalomanie assez excessive par rapport au jus qui nous est ici proposé.


Tout d'abord, on a un souffle de galbanum assez puissant, qui, par chance, évite de tomber dans le âcre comme Y de Yves Saint Laurent semble parfois le faire. Ce galbanum est accompagné de lentisque, note qu'on retrouve dans la tête de Habanita. Cette tête me fait énormément penser à l'odeur du buis fraîchement coupé au printemps, un odeur verte assez particulière. Ensuite vient un fleur d'oranger qui vient adoucir la composition en lui donnant un aspect plus doux, cotonneux mais limite médicinal. Comme souvent, une touche d'iris vient marquer la transition entre notes de coeur et notes de fond, cet iris étant, je trouve, assez terreux. Puis après, c'est une sorte de débauche de muscs, de résines -benjoin et encens en tête- et de santal qui vient apporter cette facette blanche, balsamique que l'on trouve dans ce parfum.
Pas des plus désagréables, mais ce n'est pas du « jamais-senti en parfumerie » non plus. Je le vois plutôt comme un version « modernisée » de Chanel No 19 (bien que ce dernier n'ait pas besoin d'être modernisé de quelque façon que ce soit, loin de là). Certes, on peut considérer qu'il y a rupture dans le sens où les parfums verts ne sont pas spécialement répandus côté lancements ces dernières années (exception faite de A Scent) et qu'on a souvent à faire à des jus de fruits assez insipides. Alors, oui, (untitled) sort un peu du lot parmi ces lancements. Mais après, on est pas non plus dans la super innovation non plus puisque la fragrance reprend des thèmes olfactifs déjà très usités : il suffit de sentir, au choix, le No 19 ou Y pour se rendre compte que c'était pour ces fragrances, et pas pour (untitled) que la rupture a eu lieu.


Et puis, en parlant de déjà-senti, je ne suis pas la seule à remarquer qu'il y a une parenté plus qu'ambiguë entre certains parfums Prada et ce Margiela. Et pour cause, puisque c'est le même nez, Daniela Andrieux, qui se cache derrière (untitled) et les parfums Infusion d'Iris et L'Eau Ambrée. Si on pressent une parenté entre Infusion d'Iris et (untitled) à cause des notes « vintage » d'iris, de benjoin et de fleur d'oranger employées par la créatrice, on a carrément l'impression de plagiat olfactif lorsqu'on compare la fragrance Margiela avec L'Eau Ambrée. Sérieusement, les notes de coeur sont exactement pareilles. Je n'avais pas senti L'Eau Ambrée avant disons, il y a une semaine, mais je voyais bien la parenté entre l'Infusion et (untitled). Maintenant que j'ai senti cette eau, la ressemblance saute aux yeux (enfin, au nez). Donc côté originalité, on repassera.


Personnellement, je pense qu'il aurait été beaucoup plus judicieux de créer un parfum tournant autour du patchouli pour une première fragrance Martin Margiela puisqu'il s'agit de la signature olfactive de la maison, et ce bien avant qu'il soit question de créer un parfum à leur nom. (d'ailleurs, en parlant de la maison, je suis vraiment contente pour eux parce qu'après une période de creux suivant le départ du maître, elle semble avoir repris du poil de la bête et livre un collection automne-hiver assez intéressante : pourvu que ça dure !)


Un détail intéressant, c'est que je trouve qu'il y a une note de plâtre frais, très Margielienne justement, dans la composition qui vient donner un côté un peu décalé à l'ensemble. Si je devais retranscrire visuellement le parfum, je dirais : le château de Versailles relooké façon Margiela sous la pluie. C'est-à-dire recouvert intégralement d'un drap en coton blanc, avec simplement un chiffre dans un cercle imprimé dans un coin. Il faudrait imaginer le sol et les murs recouverts d'enduit frais blanc, avec du plâtre plein les escaliers. Et dehors, une pluie viendrait s'abattre sur les graviers, les oranger en fleurs dans leurs bacs et les jardins à la française bordés de buis et chargés d'iris en fleurs.


C'est un peu tout cela que m'évoque (untitled) : malgré leur volonté de faire un parfum neutre, sans évocation olfactive, les codes de la maison finissent par emprisonner la parfum dans son propre univers : au lieu de ne rien évoquer, il finit par évoquer Maison Martin Margiela elle-même.

mardi 6 juillet 2010

sparks

"The olfactory sense is the sense that evokes the most strongly the memory of the past. Well, screw the past. That's why I want to live my life with you."

Ou un groupe encore honteusement oublié par l'histoire, à savoir The Sparks, un duo formé par des frères de LA distillant un pop classieuse sur fond de synthés, et ce avec la même grâce depuis un peu plus de 40 ans (et quelques 21 albums). Des précurseurs de toutes la pop synthétique qui suivit, et je pense en particulier aux Pet Shop Boys. Textes intelligents, drôles, cyniques et tristes, petits riffs aux synthés et la voix haut perchée de Russel Mael.

Avec cette chanson qui aborde, justement, le parfum, on se trouve sur l'avant-dernier album, un peu déroutant je trouve. Bien sur, les Sparks on évolué avec les années, loin des accents glam-rock de This Town Ain't Big Enough For The Both Of Us, euro-disco à la Moroder de Number One Song in Heaven ou dance de When Do I Get To Sing My Way (certainement ma préférée). Les Sparks ont mûri, leur musique aussi, mais ceci reste assez déconcertant. Mais écoutez plutôt.

dimanche 4 juillet 2010

changements

En panne d'inspiration ces derniers temps (désolée !), j'ai décidé de faire subir quelques petites modifications à certains de mes précédents articles dont certains frôlaient la puérilité (c'étaient mes premiers, en même temps). J'ai également essayé d'en enrichir quelques uns, modifier des passages et corriger quelques erreurs. Les changements effectués sont minimes mais je pense continuer sur cette voie et continuer à re-corriger certains articles dans le futur au besoin (sans pour autant les défigurer).

jeudi 1 juillet 2010

été II



Je voudrais m'excuser pour avoir publié cette liste de parfums en deux parties. Je m'explique : je voulais à la base faire un seul article mais j'ai été prise de court par des travaux en pleine rédaction, et j'ai ainsi donc préféré sortir une liste en deux parties plutôt que faire patienter tout le monde indéfiniment à cause de mes histoires de plâtre et de papier peint (et de géraniums -je vous expliquerai un jour si j'en trouve le courage). Donc avec un peu de retard, voici cinq autres parfums pour l'été, leurs inspirations et ce que j'en pense.


Je ne suis jamais allée en Italie, et c'est bien dommage car je suis fascinée par ce pays que je considère comme étant, avec la France et l'Allemagne, le berceau de la civilisation européenne moderne.. Pourtant, il y a des odeurs que je ne peux m'empêcher d'associer à cet endroit, que je m'attends presque à y trouver le jour où je voyagerai dans ce pays. Je pense notamment à l'Infusion d'Iris de Prada. Dès la première olfaction, je m'imagine à la terrasse d'un café, sous des arcades, en train de siroter un Spritz tout en regardant les passants. Infusion d'Iris a l'odeur d'un cuir très fin, d'une chemise blanche propre, d'une cologne à l'iris de qualité mêlés à l'odeur d'un jardin à l'italienne (fleur d'oranger en tête). C'est frais, distingué et délicat, pas tapageur pour un sou et relativement peu porté (bon à savoir). C'est peut-être cela le vrai luxe.


Toujours dans un registre assez méditerranéen, on pourrait également parler de la lavande (bien que la lavande anglaise soit extrêmement réputée elle aussi). Je trouve que cette plante est cependant trop souvent associée à la lessive ou à l'eau de cologne pour mémés : un fraicheur agréable mais un peu cheap. Mais, je trouve surtout que la plupart du temps, lorsqu'on hume l'odeur même de la plante qui s'épanouit au soleil, une sorte de chaleur semble s'en dégager. C'est ce type de lavande « chaude » qu'offre Serge Lutens avec le très distingué Gris Clair. Une lavande, mais assez minérale, comme chauffée au soleil. L'idée d'une lavande orientalisée me plaît. Je trouve en plus qu'ici, l'odeur assez agressive de la plante est légèrement neutralisée par des élément plus miellés, comme des pollens mais également des baumes en note de fond et notamment du benjoin. Je ne sais pas si Gris Clair est à proprement parler un parfum pour l'été, parce que je lui trouve une dimension enveloppante assez propre aux orientaux qui ne dépareillerait pas avec un pull en cachemire. Mais dans un autre sens, cette lavande pervertie apporte un joli twist aux chemises en coton légères (d'ailleurs, je vous conseille d'éviter de toute urgence L'Eau de Fleurs de Lavande de Chloé sorti cette année qui joue trop sur le registre cologne pour mémés mais à un prix absolument indécent).


Une des qualités essentielles recherchées par la plupart dans le choix d'un parfum pour la saison chaude, c'est la fraîcheur. Mais bon, il y a évidemment toujours quelques tarés qui au contraire préfèrent se lover dans des odeurs chaudes, épicées, baumées au risque de flanquer un mal de crâne terrible à leurs voisin de train / terrasse / autre qui n'est pas spécialement branché dans le trip « combattre le mal par le mal » en pleine canicule. Il m'arrive souvent de porter ce genre de fragrances en plein été : je trouve que la chaleur apporte à ces parfums une nouvelle dimension encore plus puissante, comme si cette odeur était renforcée par la chaleur, voir la moiteur ambiante.


Je me souviens avoir pas mal porté Putain des Palaces l'été dernier. Évidemment, on est plutôt ici dans un trip « ambiance moite et suffocante d'un bordel de la Nouvelle-Orléans » (enfin, comme moi j'étais en Allemagne l'été dernier, il me donne plutôt envie de descendre un café-crème en mangeant du Käsekuchen mit Kirschen). Fleuri, poudré, animalisé et un peu vulgaire quand même : un cocktail qu'on peut aisément adopter en cette saison à condition bien entendu de ne pas prendre le titre au pied de la lettre ; mieux vaut rester assez élégant pour porter cette fragrance au risque de passer pour une Putain des Palaces (ou pas des palaces) justement. Mais, bien entendu, c'est un parfum qui a ses adeptes, et il y a aussi ceux qui détestent.


Ensuite, il y a Habanita, qui me fait toujours tripper, quelque soit la saison. Vous allez peut-être penser que je suis complètement obsédée par ce parfum, et bien c'est justement le cas. Réconfortant en hiver, c'est la facette sexy qui est le mieux révélée en été. Comme si une alchimie spéciale faisait que ces notes douces et baumées, aussi réconfortantes qu'une maman, se pervertissaient avec le soleil, muant cette fragrance en un océan de débauche : vanille, héliothrope, vétiver, mousse de chêne, notes tabacées (ce sont les notes que je sens le mieux sur moi, en tous cas). Ce parfum se fait nuage de sensualité pure à cette saison. Un parfum que je trouve tellement complexe et changeant, qu'il doit être découvert et apprécié de la même façon qu'un jardin (comparaison étrange mais vous allez voir …) : en été, automne, hiver, printemps, et sous la pluie, lesquels moment devant être complétés, selon moi, par la nuit. Franchement, il faut ne faut pas hésiter avec ce parfum-là qui est certainement la meilleure affaire de toute l'histoire de la parfumerie.


Et enfin, je terminerais par un parfum, qui, selon moi, risque fort bien de se muer en futur classique de la parfumerie, à savoir le très beau Narciso Rodriguez For Her. Je pensais plus particulièrement à la version eau de toilette qui me touche davantage que la version eau de parfum, cette dernière mettant davantage l'accent sur les notes de fleuries que je trouve moins importantes dans l'eau de toilette, même si, sommes toutes, elles font parties intégrantes de la composition. Il y a cet accord de fleurs d'oranger et de musc qui me fat défaillir à chaque fois. Son intimité a, je trouve, le caractère sacré de petites églises baroques perdues dans la campagne portugaise, aux murs noircis par les cierges, qui eux-mêmes s'agglutinent sur de grands chandeliers de cuivre et vomissent des flots de cire; où l'on souhaite s'abriter à la recherche de la fraicheur offerte par les pierres mais dont l'intérieur est plus brûlant que le soleil. C'est exactement l'image que me donne ce parfum.


C'était donc dix parfums pour l'été. Je pense livrer dans quelques mois la liste de « parfums d'automne ». D'ici là, bonnes aventures estivales parfumées !

lundi 21 juin 2010

été



Je suis sûre que cet été, vous allez le passer à écouter des vieux tubes des Beach Boys sur la plage en mangeant des esquimaux au citron. Ou peut être pas. C'est peut être également cet été que vous allez peut être craquer pour un nouveau parfum, ou encore redécouvrir un parfum que vous possédez déjà sous un aspect différent. Quoi qu'il en soit, je voudrais livrer ici une petite liste (non exhaustive) de quelques parfums que je trouve intéressants à porter en cette saison.

Il faut savoir que j'ai presque toujours passé mes vacances d'été à la campagne, ou bien dans des coins un peu humides comme la Normandie. Pour moi, l'été ne se combine donc pas de façon prépondérante avec l'odeur du sable et du monoi mais des odeurs vertes, fleuries, voire un peu humides.
Et c'est donc tout naturellement que je recommande L'Eau de Campagne de Sisley. Un vrai parfum vert avec un bel effet feuille de tomate dans les notes de tête. Le reste de la fragrance est une odeur plutôt aromatique, façon potager de grand-mère. Et effectivement, ce parfum me rappelle le temps où j'allais faire l'idiote avec mes cousines dans le jardin de ma grand-mère en ruinant le potager et en s'aspergeant d'eau (remarquez, je pense qu'on pourrait encore le faire, techniquement parlant). Il me rappelle également l'odeur des petites tomates cerise qu'on mangeait à peine cueillies. C'est doux, rafraichissant sans tomber dans l'écueil de la simple cologne citronnée. Un seul petit regret cependant, c'est son manque de tenue.


Ensuite, dans toujours dans le même type de registre, je recommanderais Un jardin Après la Mousson de Hermès et Un Matin d'Orage, de Annick Goutal. Les Jardins Hermès sont tous de petites merveilles. Un Jardin Après la Mousson n'est pas forcément le plus original de la série mais c'est celui qui me parle le plus. Il y a d'abord ces notes aquatiques très légères avec un effet très « concombre » ou « pastèque » très désaltérante, lesquelles sont relevées par des épices froides, cardamone en tête. Et puis assez vite, l'odeur acquiert un caractère plus boisé, dû notamment à la présence de vétiver. Je ne peux pas dire si la végétation indienne a cette odeur après les pluies mais cette évocation délicate de nature humide me séduit énormément (je fait partie des personnes adorant le temps un peu gris et la pluie, mais lorsque celle-ci se fait légère). Pas pour moi cependant, puisque ma meilleure amie le portait et je n'aime pas tellement avoir la même odeur que quelqu'un d'autre, même si c'est quelqu'un que j'affectionne.
En ce qui concerne Un matin d'Orage, on a encore une odeur de pluie et de jardins. Il s'agit effectivement d'un très belle odeur de terre humide, mais pas une odeur verte et un peu boueuse. Il s'agirait plutôt de l'odeur plus légère de la terre qui se trouve aux pieds d'un cèdre, recouverte d'épines, et qui commencerait à recevoir des gouttes de pluie. On a alors une odeur légère, transparente et un peu épicée, à laquelle vient s'ajouter l'odeur plus puissante de fleurs blanches comme le gardénia ou le néroli. C'est assez amusant puisque j'ai retrouvé cette odeur il y a peu en sortant de ma fac. Il y a en effet un carré de jardin devant l'entrée avec un cèdre et des rhododendrons, ainsi que des pensées. Et lorsque je traversais la cour, il commençait à pleuvoir, et il me semblait que l'air était empli de cette fragrance (évidemment, je ne souhaite pas spécialement retrouver l'odeur de ma fac sous la pluie dans un parfum, mais d'un point de vue purement objectif, cette odeur était vraiment intéressante). Ce parfum est donc une évocation originale et délicate d'une pluie estivale.


Je pensais ensuite à Ofrésia, de Diptyque. Le freesia fait partie de ces fleurs qui, comme le lilas ou le muguet, ne peuvent avoir leur fragrance extraite de façon naturelle et qu'il faut reproduire à l'aide d'autres essences. Ici, on affaire à une freesia très jasminé mais en même temps très vert et aquatique. Il me fait personnellement penser à une promenade à la campagne au bord de l'eau où l'on cueillerait des fleurs en chemin. Une fragrance un peu minimaliste mais qui, je trouve, reproduit assez admirablement le parfum de cette fleur. Je sais, je suis encore dans mon trip « promenade dans la nature », mais après tout, c'est le genre d'options qui peut faire rêver lorsqu'on habite en ville, non ?


Toujours sur dans le registre « promenade bucolique », il y a le Nombril Immense de chez Etat Libre d'Orange. Les parfums de cette marque ne sont pas tous réputés pour leur légèreté. Cependant, celui-ci construit autour d'un beau patchouli et de notes sèches et musquées comme le poivre, l'ambrette ou la graine de carotte développe une aura qui me fait un peu penser à du foin ou à des plantes séchées. Nombril Immense invite alors à un trip psychédélico-bucolique à travers les champs. Disons que si l'envie soudaine de courir tout nu dans les champs de blé avec vos potes aussi dégénérées (et en écoutant les Pink Floyd) vous prend, je recommande Nombril Immense en ambiance olfactive (bien entendu, je ne vous recommande pas de courir tout nu dans la nature à la vue de tous, il me semble que ce ne soit pas très permis).

Voici donc la première partie de ma sélection parfumée pour l'été. Je reviendrai dans quelques jours vous livrer la suite. D'ici là, enjoy !

samedi 19 juin 2010

parfum vintage : Jolie Madame






En faisant un peu de tri dans une armoire aujourd'hui, je suis tombée sur une boite qui contenait de vieilles affaires de toilette, appartenant vraisemblablement à l'une de mes grand-mères (oui, je retrouve plein de trucs en rangeant mes affaires, ç'a déjà été le cas pour Habanita et L'Air du Temps). Et parmi ces objets se trouvait notamment un petit flacon de parfum qui s'avère être ce fameux Jolie Madame de Balmain. Ce flacon est vide, mais il reste un peu de la fragrance sur le bouchon et sur le goulot, sous forme d'un sirop épais et sombre. Bien entendu, le parfum a dû vieillir, mais ce que je peux sentir est plus qu'agréable, et me donne un assez bon aperçu de la composition : bien que les notes de tête soient éventées, on peut facilement identifier ce parfum comme étant un chypre, catégorie chypré-floral plutôt que chypré-fruité.


Après avoir fait quelques recherches, il apparaît que ce parfum a été composé en 1953 par Germaine Cellier, déjà responsable de Vent Vert, toujours chez Balmain, et de Bandit et Fracas (qu'on ne présente plus) pour Robert Piguet. J'ai réellement apprécié le peu de compositions de Germaine Cellier qu'il m'a été donné de sentir, j'aime beaucoup son approche très radicale de la parfumerie, et je trouve ses compositions très intelligentes. Ce même sentiment de plaisir m'envahit alors que je sens Jolie Madame évoluer sur ma peau.


Je ne pourrais pas parler ici des notes de tête du parfum qui se sont altérées avec le temps. D'après le site Osmoz, elles se composent de petitgrain, de girofle et de néroli. Je n'arrive pas à déceler le petit grain, à cause de l'âge de mon exemplaire mais je sens en revanche très bien le clou de girofle qui vient me picoter le nez. Ensuite, jasmin, fleur d'oranger et néroli viennent se fondre ensemble et enveloppent le tout d'un bel accord de fleurs blanches, ici très furtif. Je sens néanmoins beaucoup mieux la tubéreuse de la composition, ainsi que la feuille de violette. Je ne saurais malheureusement être plus précise.





Etrangement, les notes de fond m'ont immédiatement fait penser à un parfum récent qui m'a énormément plu, à savoir le beau Feuilles de Tabac de Miller Harris. On retrouve en effet ce même accord de tabac (bien que Jolie Madame dégage une note fumée ressemblant un peu au thé Lapsang Souchong que Feuilles de Tabac ne possède pas), de patchouli et de vétiver (Jolie Madame possède en plus de la mousse de chêne que j'arrive très bien à sentir dans l'exemplaire que j'ai). Mais, alors que les notes de fond de mon Balmain se révèlent plutôt chaleureuses, mais un peu rêches, Feuilles de Tabac est plus doux, mais plus froid (l'on sent d'ailleurs davantage le vétiver dans le fond que le patchouli) et plus masculin. Je suis d'ailleurs ravie de l'hypothétique parenté entre les deux parfums.


Je suppose également que ce parfum a pu inspirer le très beau Vierges et Toreros de chez Etat Libre d'Orange, que j'affectionne beaucoup. On y retrouve en effet un tête épicée (cardamone, muscade et girofle pour Vierges et Toreros), un coeur composé de fleurs blanches, tubéreuse en tête et un fond boisé cuiré. Mais alors que Jolie Madame se présente avant tout comme un chypre possédant seulement des notes de cuir et de tabac, Vierges et Toreros exploite davantage le côté cuiré : c'est cette note qui ressort le mieux dans le parfum, la tubéreuse ainsi que les épices chaudes ne servent qu'à mettre le cuir en valeur.


J'aimerais pouvoir connaître mieux ce parfum en sentant un exemplaire plus récent, mais il semble que ce parfum ne soit malheureusement plus disponible. C'est bien dommage, puisque je trouve que les Balmain disponibles aujourd'hui manquent un peu de prestance – j'ai d'ailleurs détesté le dernier, Ambre Gris, que je trouve beaucoup trop lourd et écoeurant.


Reste alors un parfum très original mais hélas trop rare.

mercredi 9 juin 2010

L'Air du Temps





Voici mon flacon en question.


Le premier article que j'ai consacré au parfum sur mon blog était dédié au magnifique L'Air du Temps qui est certainement l'un de mes parfums préférés. Je viens de le supprimer à cause de sa piètre qualité et je voudrais m'y consacrer entièrement ici.



J'ai en effet mis la main il y très peu de temps sur un flacon de cette petite merveille dans les affaires de ma mère, et il se trouve que le jus en question est un extrait datant du début des années 1980, donc non reformulé (je suppose, étant donné le fossé qui existe entre la fragrance ici présente et l'infâme parfum reformulé qui est maintenant disponible). Et je pense que, réellement, ce parfum nécessite du moins un article, si ce n'est un livre tout entier, qui lui soit dédié.



En quelque sorte, L'Air du Temps est mon classique à moi. C'est l'un des premier jus que je vais honteusement qualifier d' « ancien » qui m'ait ainsi fait vibrer. Car il faut bien le dire, il s'agit d'une merveille de poésie et de délicatesse, et qui, bien que chargé d'innocence au premier abord, est un merveilleux élixir amoureux (ayant une charge érotique bien plus faible que des grands classiques féminins comme le No 5, Mitsouko ou Shalimar, il faut tout de même l'avouer).



En l'espèce, on a affaire à un jus composé par le nez Francis Fabron pour la maison Nina Ricci en 1947. Année, qui, selon moi, marque le renouveau de la scène artistique française tant du côté de la mode (c'est en effet cette année-là que Christian Dior sort sa première collection et marque l'une des plus grandes révolutions dans le monde du vêtement avec l'apparition de ce que les chroniqueurs de l'époque appelèrent le New Look) que de celui de la parfumerie avec une quantité INCROYABLE de classiques, et pas des moindres : Vent Vert, Femme, Fracas, Miss Dior et j'en passe. Et parmi eux, donc, L'Air du Temps (je triche un peu, certains de ces parfums étant sorti en 1948. Mais je les rattache à la même époque).



Comme je l'ai déjà dit dans l'article consacré à Boudoir de Vivienne Westwood, l'une des difficultés des grandes maisons de couture consiste à réussir à lancer un parfum -surtout un premier- qui puisse se trouver en parfaite adéquation avec ses créations et l'image qu'elle renvoie au public (et si le jus arrive à être un succès commerciale, c'est bien aussi, même si ça n'a pas toujours été le cas – je pense notamment au Kingdom de Alexander McQueen qui a malheureusement été arrêté et que j'aurais adoré sentir au moins une fois). En l'occurrence, un premier parfum avait déjà été sorti par la maison Nina Ricci en 1946. Il s'agissait de Coeur Joie, un floral musqué. Mais l'Air du Temps marque une étape supplémentaire, plus en adéquation encore, avec les codes de la maison : romantisme certain dans les collections, travail autour de matières vaporeuses -tulle, dentelle- dans des couleurs douces, drapés et volumes romantiques … Et L'Air du Temps est donc un condensé de tout cela.



Le parfum d'origine commence sur une envolée d'aldéhydes (les colombes du flacon !) ainsi que de bergamote, très légères, vite rattrapée par des notes plus puissantes d'oeillet qui « orientalisent » un peu la fragrance. Je pense que des notes de clous de girofle on été également ajoutées pour donner plus de puissance à la création. Puis vient ce bouquet floral absolument divin, de roses, jasmin, gardénia, ylang ylang et voir même de lys et de violette (que je devine). L'Air du Temps est selon moi le meilleur exemple de ce qu'est cet accord bouquet floral justement (ce serait d'ailleurs plus un bouquet de mariée qu'un simple bouquet décoratif posé sur une commode dans un coin). Et les notes de fond sont musquées et moelleuses : de la vanille en très faible dose, de l'iris, un peu de santal et surtout une débauche de muscs qui fait dire que ce parfum n'est pas si innocent que ce que son flacon (Lalique) laisse présager. C'est beau, doux, et féminin. Un grand parfum floral.



Mais un grand floral qui, malheureusement appartient aussi au passé puisque, malgré son succès, il a été victime d'un reformulation plus que honteuse qui l'a TOTALEMENT dénaturé. Je ne sais d'ailleurs pas si celle-ci provient d'ingrédients maintenant interdits ou de la volonté de lifter le parfum afin de le rendre plus « moderne », « accessible ». Quoiqu'il en soit, le lifting a été fait et c'est une belle catastrophe. Un peu comme si on avait proposé une opération de chirurgie esthétique à une vieille femme encore très belle et que celle-ci se serait retrouvée avec un de ces visages inexpressifs et sans âme que l'on croise chez les personnes accro à la chirurgie.



Donc, qu'est-ce qui ne va pas avec la reformulation ?



Et bien,on a toujours cette envolée d'aldéhydes, mais un peu plus plate que l'originale. Ensuite, je trouve que les notes épicées d'oeillet sont beaucoup moins puissantes et moins denses que l'original. Mais le gros du massacre a été commis dans les notes de coeur et de fond. Cet accord bouquet floral semble avoir été remplacé par un simple accord de fleurs blanches : on sent beaucoup moins la rose et ces notes de violette et de lys. Restent le jasmin (un peu trop épuré) et le gardénia. Un peu triste, je trouve. Quant au fond, il semble être noyé dans une note de muscs lessiviels un peu trop synthétiques à mon goût, en omettant les autres notes de santal, vanille et iris qui manquent de relief et de présence. J'ai l'impression que le parfum a été balancé dans une énorme marmite de flotte et qu'il en est ressorti en ayant à peu près autant de saveur qu'un morceau de mauvaise viande bouillie (sans rien !). Sans compter sa tenue très mauvaise, du moins pour l'eau de toilette. Une grosse, grosse déception.



Et puis, il faut bien dire que, de nos jours, on a vraiment l'impression que les parfums Nina Ricci atteignent les tréfonds de l'enfer : Nina, Ricci Ricci … Quel gâchis pour une maison qui avait autrefois tant de panache. Maintenant, on dirait juste le fournisseur officiel des jeunes filles en manque de glucose (et si seulement les parfums Nina Ricci pouvaient être les seuls responsables de ces fragrances diabétogènes !).



Donc si vous avez la chance de mettre la main sur une édition vintage de ce parfum, c'est une occasion à ne pas manquer.

lundi 7 juin 2010

sport

A quelques jours de la coupe du monde de football (qui est le cadet de mes soucis, d'ailleurs), j'aimerais faire part de mon opinion sur le sujet.

Jacno, Le Sport

dimanche 6 juin 2010

sex pistols



Is this the scent of anarchy ?


Le 12 juillet sortira chez Sephora un parfum Etat Libre d'Orange exclusif inspiré par les Sex Pistols. La fragrance, sobrement intitulée Sex Pistols, a été composée par le nez Mathilde Bijaoui à qi l'on doit déjà Like This (toujours chez ELO, sorti au mois de mars), Lily and Spice de Penhaligon's ainsi que le Cédrat chez Roger & Gallet.
Ce parfum se veut inspiré par l'esprit de rébellion du punk anglais et, conformément à la tradition de chez ELO, en rupture avec les codes de la parfumerie moderne. La composition contiendrait donc, d'après la description officielle une note de tête de citron et d'aldéhydes, suivi de notes de d'ambrette, de poivre noir, d'héliothrope (ça ne fait pas très « rebelle » pour moi, mais bon …), de patchouli et de cuir.


Je ne peut pas ici me prononcer sur la fragrance en elle-même que je n'ai pas encore sentie. Mais il est légitime de s'interroger sur l'opportunité choisie par Etat Libre d'Orange de sortir un parfum en exclusivité chez Sephora.
En soi, l'idée n'est pas mauvaise : distribuer des marques niches dans une enseigne de grande distribution parfumée est un bon moyen pour une marque niche de se faire connaître. On peut par exemple trouver un choix de créations Serge Lutens chez Sephora également. Pour ELO, ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'un de leur parfum est distribué chez cette enseigne : on se souviendra qu'en 2007 déjà ils avaient sorti en exclusivité Noël au Balcon, une fragrance honnête et agréable mais qui n'avait pas l'aura d'un Vierges et Toreros (ce parfum est disponible à la boutique rue des Archives). Ils avaient d'ailleurs renouvelé l'expérience l'année d'après avec Bendelirious, un très bel iris avec un accord de champagne et de cerise en note de tête, et ce pour le grand magasin new-yorkais Bendel. ELO n'en est donc pas à sa première collaboration avec une grande enseigne de distribution.


Cependant, je trouve regrettable que, dans cette hypothèse, ils continuent à clamer haut et fort leur singularité, leur volonté de rupture alors que de part le choix de leur inspiration (les Sex Pistols, mais je reviendrais là-dessus plus tard) et leur mode de distribution, ils se rapprochent de plus en plus d'un produit mainstream et sans âme. Et, je trouve, c'est bien dommage d'adopter une attitude hypocrite (après, je le répète, je n'ai PAS senti cette fragrance donc je suis incapable de juger de sa valeur).



Tout d'abord, ce choix d'une égérie punk. Le punk n'existe pas et n'a jamais existé, et s'en revendiquer -à l'heure actuelle en plus- lorsqu'on a plus de 16 ans, c'est un peu minable. Lorsqu'on a 14 ans et qu'on fait du bruit pour énerver ses parents c'est touchant, mais après, c'est simplement pathétique.
Ensuite, n'importe quelle personne possédant une culture musicale basique est au courant que les Sex Pistols ne sont qu'une création du docteur Frankenstein qu'était Malcolm McLaren et que l'énergie musicale de ces années n'a rien à voir avec ce groupe de pantins. Lorsqu'on écoute ne serait-ce qu'un peu attentivement Never Mind The Bollocks, on se rend bien compte que cet enregistrement n'est pas l'oeuvre spontanée d'un quelconque génie musical mais qu'il s'agit juste d'un production bien léchée avec 14 couches de Les Paul. Cet album de plus n'est sorti qu'à la fin de ce soit-disant mouvement punk (en octobre 1977 pour être précise) alors qu'à l'époque il y avait des trucs bien plus excitants qui existaient. Donc voilà, pour capter cette idée de rebellitude, il y avait de meilleurs choix à faire.
Je ne sais pas, peut-être que d'un aspect purement esthétique, ce côté punk leur plaît, les Sex Pistols étant plus des égéries rock'n'roll qu'autre chose (et le rock'n'roll, ça se vent bien, surtout lorsqu'il ne s'agit PAS de musique).


Et puis, pour dire les choses, c'est un groupe qui se vent en passant son temps à se reformer et faire des concerts pour remplir leurs caisses. Je ne saurait dire si l'initiative vient de ELO et qu'elle a été approuvé immédiatement par les Pistols par manque d'argent ou pour toute autre raison mais je doit dire que cet aspect ultra marketing ne me plaît pas du tout.


C'est sûr, ce parfum semble plutôt se destiner à l'ado de 15 qui fait son rebelle et qui achète l'accessoire qui manquait à sa panoplie plutôt qu'à la clientèle qu'ils semblent parfois viser. C'est à dire celle de bobos à t-shirt vintage et barbe de 3 jours qui lisent les Inrocks et qui se prennent pour des libertins simplement parce que leur parfum s'appelle Sécrétions Magnifiques (qu'ils ont d'ailleurs choisi pour le nom) et qu'ils ont failli participer à une orgie. (Désolée, j'adore réduire les gens à des stéréotypes sociologiques).


A vrai dire, ils auraient été plus crédibles en utilisant le Velvet Underground qui, en plus de bien se vendre (et de faire de la bonne musique, il faut avouer), a un côté plus intello et plus … underground. Qui serait parfait en égérie réconciliant le côté sexe de Etat Libre d'Orange (leur chanson Venus in Furs serait selon moi une inspiration parfaite pour un nouveau parfum), le côté intello snob des bobos et grand public des clients Sephora (du moins les porteurs de mèches et de jeans slim).


Succès marketing, certainement. Après, j'attends ce que me dira mon nez.

lundi 31 mai 2010

Boudoir




Tout a déjà été dit, redit et rabâché sur Vivienne Westwood. Son insolence, sa fascination pour le costume du XVIIIe siècle, sa maîtrise des volumes et sa théorisation du look punk. En somme, une mode pas toujours facile à aborder lorsqu'on se penche sur ses créations haute couture mais tellement désirable par certains côtés.
J'ai une certaine tendresse pour Vivienne Westwood puisque c'est un peu grâce à elle que j'ai découvers l'univers merveilleux de la mode. J'ai eu ma phase d'ado de 13 ans qui se prend pour une rebelle parce qu'elle écoute les Clash et les Sex Pistols. Et bon, qui dit Sex Pistols dit Malcolm McLaren, dit Vivienne Westwood. Et c'est donc comme cela (et comme beaucoup de monde, ceci dit en passant) que j'ai découvers son travail. En grandissant, je me suis ensuite forcément plus penchée vers ses essais corsetés et crinolinés de robes haute couture que vers ses t-shirts représentant sa Majesté Élisabeth II avec une épingle de nourrice dans le nez. Personnellement, je reconnais que la créatrice a véritablement donné ce qu'elle avait de mieux vers la fin des années 1980 jusque le début des années 2000 (la collection Mini-Crini, formidable) mais qu'à l'heure actuelle, son travail ne présente plus qu'un intérêt très relatif.


Boudoir est donc le premier parfum de la créatrice anglaise. Et il faut reconnaître que ce parfum est en parfaite adéquation avec son univers. Baroque, complexe, divinement anglais mais avec également une facette fun héritée de cet héritage punk qui ne se prend pas au sérieux.
Pour une maison de couture, lancer un parfum est toujours une affaire délicate, puisque le jus doit correspondre à l'esprit de la maison. Il est indéniable que l'adéquation entre des parfums comme le No 5 (ainsi que la plupart des compositions qui ont suivi) et la maison Chanel sont en adéquation parfaite avec l'image que cette maisons renvoie d'elle : chic intemporel à la française et surtout pas de faute de goût (bon, malheureusement, Coco Mademoiselle et Chance Eau Tendre sont venus casser cet équilibre).

Pour Vivienne Westwood, il fallait donc un parfum complexe. Et si j'emploie ce mot, c'est justement parce que c'est le cas pour Boudoir. Tout d'abord, une tête hespéridée légèrement sucrée par la présence du pamplemousse rose et peut-être de quelques aldéhydes. Ensuite, un coeur qui révèle un bouquet floral extrêmement dense et complexe, composé autour d'une note de fleur de tabac (qui me fait légèrement penser au freesia et aau jasmin). En vrac, on sent de la fleur d'oranger (qui apporte une note sucrée), de la jacinthe, de l'ylang-ylang, de la violette, de la rose et du jasmin. Une note verte très furtive est due certainement à la présence de chèvrefeuille. Je suppose également une note de muguet et peut être de framboise. Enfin, on pourra remarquer la présence d'une note qui ressemble beaucoup à celle de la banane. L'ensemble de cette note de coeur très dense a un côté sucré légèrement bubble-gum. Le fond est assez généreux lui aussi puisqu'il tourne autour d'un accord très ambré et de notes de civette, de cannelle, de vanille, de patchouli, et peut-être de cuir.
En définitive, je qualifierait Boudoir de bouquet floral ambré et poudré.

Pour un parfum sorti il y a à peine 15 ans, cette fragrance peut donc sembler assez surprenante, surtout lorsqu'on pense au succès de ses contemporains comme cKone ou Acqua di Gio par exemple. La composition ressemble plus à celle d'un parfum des années 50 que celle d'un parfum de son époque composé à l'époque où le minimalisme était de mise. Et lorsque je le sens, j'ai vraiment l'impression d'une certaine parenté avec Fracas.

Boudoir est déjà un parfum culte dans le sens où j'ai l'impression que de très nombreux parfums s'en sont inspiré. Je pense notamment à de très nombreuses fragrances de chez Etat Libre d'Orange comme Putain des Palaces, qui a mon avis tient autant de Boudoir et de Habanita. Dans une moindre mesure, je constate également des liens de parenté avec leur Divin Enfant et leur Encens et Bubblegum.

Mais, je dois avouer que, personnellement, je n'arrive pas à accrocher. Déjà, il fait partie de la très grande majorité des parfums qui tournent au contact de ma peau. Et puis, après ce côté opulent sucré avec cette petite facette de bubble gum, je ne peux vraiment pas. Disons que globalement, ce parfum m'a déçue. Lorsqu'on y prête attention, on peut découvrir la complexité de la fragrance mais prise dans l'ensemble, sentie vite fait, Boudoir peut sembler moyen. Mais bon, après je pense que ce parfum fait partie des parfums qu'il faut apprivoiser pour pouvoir l'apprécier. Peut-être qu'avec du recul mon avis sera différent.

Il faut également remarquer que ce parfum est difficilement disponible en France mais que par contre il a beaucoup de succès auprès des britanniques. Culturellement plus proche de leurs goûts je pense.

Pour résumer, je vais dire que je n'arrive pas à cerner ce parfum (et je dois avouer que c'est assez énervant) et à me prononcer pour déterminer s'il s'agit d'un chef d'oeuvre ou d'un gros n'importe quoi.