jeudi 1 juillet 2010

été II



Je voudrais m'excuser pour avoir publié cette liste de parfums en deux parties. Je m'explique : je voulais à la base faire un seul article mais j'ai été prise de court par des travaux en pleine rédaction, et j'ai ainsi donc préféré sortir une liste en deux parties plutôt que faire patienter tout le monde indéfiniment à cause de mes histoires de plâtre et de papier peint (et de géraniums -je vous expliquerai un jour si j'en trouve le courage). Donc avec un peu de retard, voici cinq autres parfums pour l'été, leurs inspirations et ce que j'en pense.


Je ne suis jamais allée en Italie, et c'est bien dommage car je suis fascinée par ce pays que je considère comme étant, avec la France et l'Allemagne, le berceau de la civilisation européenne moderne.. Pourtant, il y a des odeurs que je ne peux m'empêcher d'associer à cet endroit, que je m'attends presque à y trouver le jour où je voyagerai dans ce pays. Je pense notamment à l'Infusion d'Iris de Prada. Dès la première olfaction, je m'imagine à la terrasse d'un café, sous des arcades, en train de siroter un Spritz tout en regardant les passants. Infusion d'Iris a l'odeur d'un cuir très fin, d'une chemise blanche propre, d'une cologne à l'iris de qualité mêlés à l'odeur d'un jardin à l'italienne (fleur d'oranger en tête). C'est frais, distingué et délicat, pas tapageur pour un sou et relativement peu porté (bon à savoir). C'est peut-être cela le vrai luxe.


Toujours dans un registre assez méditerranéen, on pourrait également parler de la lavande (bien que la lavande anglaise soit extrêmement réputée elle aussi). Je trouve que cette plante est cependant trop souvent associée à la lessive ou à l'eau de cologne pour mémés : un fraicheur agréable mais un peu cheap. Mais, je trouve surtout que la plupart du temps, lorsqu'on hume l'odeur même de la plante qui s'épanouit au soleil, une sorte de chaleur semble s'en dégager. C'est ce type de lavande « chaude » qu'offre Serge Lutens avec le très distingué Gris Clair. Une lavande, mais assez minérale, comme chauffée au soleil. L'idée d'une lavande orientalisée me plaît. Je trouve en plus qu'ici, l'odeur assez agressive de la plante est légèrement neutralisée par des élément plus miellés, comme des pollens mais également des baumes en note de fond et notamment du benjoin. Je ne sais pas si Gris Clair est à proprement parler un parfum pour l'été, parce que je lui trouve une dimension enveloppante assez propre aux orientaux qui ne dépareillerait pas avec un pull en cachemire. Mais dans un autre sens, cette lavande pervertie apporte un joli twist aux chemises en coton légères (d'ailleurs, je vous conseille d'éviter de toute urgence L'Eau de Fleurs de Lavande de Chloé sorti cette année qui joue trop sur le registre cologne pour mémés mais à un prix absolument indécent).


Une des qualités essentielles recherchées par la plupart dans le choix d'un parfum pour la saison chaude, c'est la fraîcheur. Mais bon, il y a évidemment toujours quelques tarés qui au contraire préfèrent se lover dans des odeurs chaudes, épicées, baumées au risque de flanquer un mal de crâne terrible à leurs voisin de train / terrasse / autre qui n'est pas spécialement branché dans le trip « combattre le mal par le mal » en pleine canicule. Il m'arrive souvent de porter ce genre de fragrances en plein été : je trouve que la chaleur apporte à ces parfums une nouvelle dimension encore plus puissante, comme si cette odeur était renforcée par la chaleur, voir la moiteur ambiante.


Je me souviens avoir pas mal porté Putain des Palaces l'été dernier. Évidemment, on est plutôt ici dans un trip « ambiance moite et suffocante d'un bordel de la Nouvelle-Orléans » (enfin, comme moi j'étais en Allemagne l'été dernier, il me donne plutôt envie de descendre un café-crème en mangeant du Käsekuchen mit Kirschen). Fleuri, poudré, animalisé et un peu vulgaire quand même : un cocktail qu'on peut aisément adopter en cette saison à condition bien entendu de ne pas prendre le titre au pied de la lettre ; mieux vaut rester assez élégant pour porter cette fragrance au risque de passer pour une Putain des Palaces (ou pas des palaces) justement. Mais, bien entendu, c'est un parfum qui a ses adeptes, et il y a aussi ceux qui détestent.


Ensuite, il y a Habanita, qui me fait toujours tripper, quelque soit la saison. Vous allez peut-être penser que je suis complètement obsédée par ce parfum, et bien c'est justement le cas. Réconfortant en hiver, c'est la facette sexy qui est le mieux révélée en été. Comme si une alchimie spéciale faisait que ces notes douces et baumées, aussi réconfortantes qu'une maman, se pervertissaient avec le soleil, muant cette fragrance en un océan de débauche : vanille, héliothrope, vétiver, mousse de chêne, notes tabacées (ce sont les notes que je sens le mieux sur moi, en tous cas). Ce parfum se fait nuage de sensualité pure à cette saison. Un parfum que je trouve tellement complexe et changeant, qu'il doit être découvert et apprécié de la même façon qu'un jardin (comparaison étrange mais vous allez voir …) : en été, automne, hiver, printemps, et sous la pluie, lesquels moment devant être complétés, selon moi, par la nuit. Franchement, il faut ne faut pas hésiter avec ce parfum-là qui est certainement la meilleure affaire de toute l'histoire de la parfumerie.


Et enfin, je terminerais par un parfum, qui, selon moi, risque fort bien de se muer en futur classique de la parfumerie, à savoir le très beau Narciso Rodriguez For Her. Je pensais plus particulièrement à la version eau de toilette qui me touche davantage que la version eau de parfum, cette dernière mettant davantage l'accent sur les notes de fleuries que je trouve moins importantes dans l'eau de toilette, même si, sommes toutes, elles font parties intégrantes de la composition. Il y a cet accord de fleurs d'oranger et de musc qui me fat défaillir à chaque fois. Son intimité a, je trouve, le caractère sacré de petites églises baroques perdues dans la campagne portugaise, aux murs noircis par les cierges, qui eux-mêmes s'agglutinent sur de grands chandeliers de cuivre et vomissent des flots de cire; où l'on souhaite s'abriter à la recherche de la fraicheur offerte par les pierres mais dont l'intérieur est plus brûlant que le soleil. C'est exactement l'image que me donne ce parfum.


C'était donc dix parfums pour l'été. Je pense livrer dans quelques mois la liste de « parfums d'automne ». D'ici là, bonnes aventures estivales parfumées !

2 commentaires:

  1. "Quelques tarés", je souligne.

    Objection votre honneur !
    Quoique...

    Habanita en été ça doit donner ! Mes deux parfums de "tarés" en été : Vol de Nuit et Shalimar. Vol de Nuit n'est pas du genre à "flanquer un mal de crâne terrible à leurs voisin de train / terrasse / autre qui n'est pas spécialement branché dans le trip « combattre le mal par le mal » en pleine canicule". Au contraire, il est douceureux, très duvet. La fourrure du soir devient un châle heureux (cherchez pas, je pouvais pas m'en empecher).
    Shalimar est lui aussi tout aussi assagi : la vanille est plus crémeuse et le fond beaucoup moins sec. L'iris est timide, la vanille et la feve tonka sont exaltées.

    For Her en été ? Je doute, pour moi c'est plus un parfum à la Daim Blond, plus en automne.
    Et quant à Chloé, ça fait longtemps que j'ai abandonné. Je me suis arrêté au pâle Neroli. Je desespère, moi qui adore la fleur d'oranger...

    Vive l'odorat !

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  2. Les tarés en force !

    http://olfactorum.blogspot.com/2010/07/le-parfum-quand-il-fait-chaud.html

    (comme quoi je ne suis pas seul :p)

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