mercredi 14 avril 2010

brad




Non, je ne parlerai pas de Brad Pitt, mais d'un autre Brad, un grand acteur injustement méconnu. Il s'agit de Brad Davis.

Brad Davis est un acteur américain qui s'est illustré dans deux très grands films (que je recommande vivement), à savoir Midnight Express et Querelle (ein Pakt mit dem Teufel).
Et ... c'est tout, ou presque. Cependant, il serait dommage de l'oublier, car ces deux films reposent presque intégralement sur la force qu'il arrive à insuffler au personnage qu'il incarne.

In concreto, je vais me baser uniquement sur Querelle, qui, des ceux films susmentionnés, est celui que j'ai le mieux aimé (et puis Midnight Express est un film qui a de nombreux fans, lesquels livreront une critique beaucoup plus pertinente que la mienne). Querelle (1982) est l'adaptation par le génialissime réalisateur allemand Rainer Werner Fassbinder d'un roman de Jean Genet, Querelle de Brest, paru en 1947.
Il raconte l'histoire de Georges Querelle, un matelot débarquant dans le port de Brest, dont la beauté fascine hommes et femmes. Querelle est un meurtrier, c'est ce qui fait sa beauté. L'intrigue en elle-même n'a pas d'importance, elle se résumerait à celle d'un vulgaire roman de gare: c'est l'écriture de Genet, très imagée, crue et poétique, qui en fait la grâce (Querelle est maintes fois comparé à l'ange de l'Apocalypse). L'intérêt du film repose sur la transposition de l'univers très particulier de Jean Genet par Fassbinder, et de l'incarnation de ce personnage par Brad Davis. Le charme de Querelle repose sur l'harmonie du physique et du jeu de Davis : une sature trapue et très musclée, presque phallique, un sourire extrêmement subtil, et une ironie dans le regard alliés à une gestuelle harmonieuse, certains mouvements se faisant presque féminins, séducteurs. Un être étrange, purement sexuel.



Il faut bien évidement voir le film pour le comprendre. je ne peux que vous le conseiller. Ce film baigne dans une atmosphère moite, suffocante, où la mort rôde, mais d'une façon vicieuse, sous les traits de la séduction. A voir également, Jeanne Moreau en patronne de bordel chantant Each Man Kills the Things He Loves (les paroles de cette chanson sont en réalités des vers extraits de La Ballade de la Geôle de Reading, écrits par Oscar Wilde lorsqu'il y était emprisonné). Et puis c'est le dernier film de Rainer Werner Fassbinder, qui est mort avant d'avoir terminé le montage, ce qui lui donne une dimension crépusculaire, dimension accentuée par la mort de Brad Davis peu après. Pour les fans de Fassbinder de la grande époque (Lili Marleen, Le Mariage de Maria Braun), celui-ci peut s'avérer extrêmement déconcertant, de part l'éclairage jaune-orangé choisi que par les décors, un énorme plateau représentant un Brest de carton-pâte, un décor de théâtre idéal. Enfin, certaines scènes sont très explicites (le film était d'ailleurs interdit aux moins de seize ans à sa sortie en salle).


Enjoy !

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